Je ne suis pas particulièrement complexée, il n’y a rien que je déteste profondément au point de ne pas pouvoir me mettre en maillot de bain sur la plage… Comme tout le monde je pense, il y a des choses que j’aime moins, que j’aurais aimé changé fut un temps.
Et puis j’ai grandi, mûrit. J’ai appris que toutes les femmes avaient des vergetures et de la cellulite, grosse ou maigre, j’ai appris à accepter qu’on était toutes nées dans un corps, qu’il fallait vivre avec et qu’il était important de se détacher du regard des autres ou du « quand dira-t-on ? »…
Au delà de notre apparence physique, j’ai compris aussi que chacun avait le droit de faire ce qu’il voulait et qu’on ne devait pas juger sans connaître une personne sur telle action.
Il y a quelques mois seulement, grâce au confinement sûrement, j’ai sauté le pas. J’ai contacté un photographe proche de chez moi pour avoir plus d’informations et faire des photos (lingerie / nu).
Je crois que c’est la première fois que je faisais quelque chose sans en parler à personne, sans demander l’avis ou l’aval de quiconque… Que je réalisais quelques chose pour moi, rien que pour moi, que je m’offrais une séance photo.
Justement à ce titre, je trouve que le fait qu’il y ai un tarif, ça change tout. C’est pas juste on se rend service, c’est le fait de se faire un cadeau, de se payer quelque chose. Comme si la dimension monétaire en faisait quelque chose de plus important. S’offrir un moment rien que pour sois, pour se trouver belle, se confronter à son image et l’aimer, ça n’a pas de prix. Peu importe « d’ou l’on vient » en terme d’estime de sois par exemple. On a tous une histoire, eu des difficultés, des remarques qui nous ont marqué, des regards déplacés, un avis sur sois-même quand on se regarde dans un miroir, un tempérament plus ou moins auto-critique… On se fait souvent une idée de ce que « les autres peuvent penser », mais on ne sait pas ce qu’ils voient… La séance photo c’est l’occasion de poser devant un objectif, puis de passer de l’autre coté et de voir ce que les autres peuvent voir.
Juste avant ma première séance photo, j’étais excitée, j’avais peur et j’étais tellement pressée. De toucher du doigt, quelque chose dont je rêvais secrètement depuis des années… J’avais tellement hâte de me voir et de me plaire. J’ai eu la sensation d’avancer dans ma vie, contacter un photographe, discuter, exposer librement ses envies, ses doutes, ses questions, fixer une date pour shooter… Plus les jours passaient plus j’avais hâte.
Quand je suis sortie de ce shooting, j’étais comme plus légère… J’étais tellement fière de moi.
D’ailleurs, je pense que les photos c’est un peu comme les piercings et les tatouages : on devient accroc ! Je savais déjà que j’en referais…
Grâce à la magie d’Instagram j’ai découvert le merveilleux compte de Benjamin.. J’ai tout de suite été complètement sous le charme de son travail et je me suis abonnée. J’ai passé des heures le soir à faire défiler les photos, à lire les descriptions… Et je suis restée plusieurs semaines une abonnée de l’ombre parmi tant d’autres. Jusqu’à ce que je réponde à un sondage proposé par Benjamin en story, je pensais là aussi être une réponse parmi des milliers d’autres.. et surprise ! Benjamin a pris le temps de répondre à tous/tes celles qui étaient intéressées. J’ai été agréablement surprise et étonnée, d’avoir une réponse et de voir à quel point Benjamin est accessible.
Je vais tenter d’expliquer toutes les raisons qui m’ont poussé à faire des photos, mais il y a
tellement aussi qui nous empêche de le faire… Ou qui nous font peur : « c’est un photographe
professionnel et je ne suis pas un modèle », étant une nana « je vais quand même voir un mec, me mettre à nue au sens propre du terme, est ce que je vais pas tomber sur un taré ?! »
Il y a les raisons « psychlogiques » comme cité précédemment et puis il y a la peur qui prend le dessus et on se trouve des excuses « oui mais c'est loin », « oui mais c’est cher », « et si ça me plait pas »… Les photos c'est comme la nourriture on ne peut pas dire « j'aime pas » quand on y a jamais goûté.
S’il y a quelques années on m’avait dit « tu vas faire 3h de route, pour te mettre à poil devant un mec et tu vas le payer pour qu’il te prenne en photo » je ne l’aurais jamais cru. La première fois j’étais à 30 min de mon domicile, la deuxième fois je change de ville, de
département… et pourtant ..! En le faisant, ça ma pas paru si fou que ça, au contraire. Je le savais, j’avais hâte, je l’ai fait et j’en suis très contente.
Comme quoi l’avis qu’on peut porter sur telle chose, telle action peut évoluer… Il faut laisser le
temps au temps de nous faire évoluer d’état d’esprit.
Personnellement je suis passée de « je vais pas faire des photos à poil pour faire ma p*** sur Instagram » à « la photo est une véritable expérience que tout le monde devrait s’offrir au moins une fois dans sa vie ».
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Le rapport au corps :
Je tenais à photographier mon corps comme il est, aujourd’hui, à 24 ans. Je n’ai ni cicatrice très visible, tache de naissance imposante, marque d’un accident de vie… Et pourtant comme tous les corps il a déjà « vieilli », grandit. Et la vie va continuer à laisser ses traces sur lui.
J’ai été confronté de près chez mes proches à des évènements de vie heureux mais aussi triste, qui transforme le corps : la grossesse, le cancer, la maladie… Et je me suis dit que si ça devait m’arriver, j’aimerais avoir un beau souvenir de moi et de mon corps quand tout allait bien. On oublie trop souvent la chance que l’on a quand on est en bonne santé, heureux…
Si un jour je tombe enceinte, je sais déjà que je ferais une séance de photo pour immortaliser ce moment où mon corps portera la vie, temps éphémère… De même, que si je devais me battre contre la maladie, je pense le faire aussi. Car la photo, au delà de l’art a tellement de vertu thérapeutique…
C’est tellement faux d’associer : une taille 36 au fait d’être bien dans son corps et heureux
(cf compte instagram d’ely_killeuse qui l’explique beaucoup mieux que moi).
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Au delà de ces clichés sublimes, il y a le feelling facile avec Benjamin, il est accessible,
profondément gentil. Et il s’engage pour les femmes. Je pense sincèrement qu’il y croit, que ça peut changer, qu’on a le droit de faire des photos nues… et être féministe. Ce n’est pas juste marketing.
Venant du social, et qualifiée par certains de mes proches comme féministes, forcément ça me parle, ça me touche. Le fait que se soit un homme qui s’engage pour les femmes, là aussi ça apporte quelque chose de plus. Il y a la réflexion boudoir : benjamin n’est pas juste là pour faire des beaux clichés avec les poses qui rendent bien, gagner de l’argent. Aujourd’hui, c’est son métier, il en vit et tant mieux ! Mais au delà, c’est se mettre au niveau de sa modèle, expliquer la photo, les poses, les faire lui même ! c’est pas comme tous ces profs de sport qu’on a connu au collègue, toujours en jogging mais qu’on a jamais vu nous montrer un étirement, là Benjamin t’explique, et te montre la pose, devant toi, avant toi. Au delà de la photo, sublime, c’est une véritable expérience, d’affirmation de sois, apprendre à se faire confiance. Et puis les 1% : don à des associations qui luttent pour faire avancer sur tout un tas de sujet qui concerne les femmes : la maladie, l’égalité, privation de liberté… Donc indirectement, en réglant notre séance, nous aussi on participe collectivement à faire avancer les choses pour TOUTES.
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Propos d’Elykilleuse (post 19.08), je n’aurais pas mieux dit : « Fais-le UNE fois et tu pourras le refaire CENT fois »
le plus dur c’est la première fois, le premier pas, les autres suivront et tout ça vous paraitra si simple que vous vous demanderez pourquoi vous ne l’avez pas fait avant ! »
Maintenant que je l’ai fait, que j’ai vu que c’était possible, réalisable et que je pouvais prendre mon pied en le faisant ! Il reste une étape : assumer « devant le monde entier » que je fais ce genre de photos et que j’aime ça.La première fois que j’ai fait des photos, je n’ai pas souhaité que le photographe publie les photos sur son compte Instagram. Sauf celles ou on ne voit pas mon visage. Cette fois-ci, j’ai accepté que Benjamin vous montre mes clichés, toutes, sans exception. Peut-être que la troisième fois j’acceptera qu’on m’identifie … Qui sait !
Quelques personnes (que des hommes finalement…) savent que je fais ce genre de photos, sinon je le cache, je n’en parle pas… Je ne sais pas si c’est de la honte ou la peur du jugement de mes proches, il y a être jugé par un inconnu et par sa mère, forcément ça n’a pas le même impact… Je me souviens une fois, pendant un apéro entre copines, l’une d’elle avait dit « si j’étais plus à l’aise avec mon corps j’aimerais bien faire des photos lingerie ou nu », je n’ai eu le courage de leur dire que je l’avais fait et que justement à quel point ça m’avait rendu fière et que ça fait du bien…. Je sais que j’ai des copines qui sont très complexée, qui ont un regard très dur sur elle-même, sur leur corps…. et que ça pourrait grave les aider !!
Après, je pense qu’il y a aussi une question de génération, j’estime avoir de la chance d’être dans une génération qui je trouve évolue, fait bouger les idées reçues, les codes… On voit de plus en plus sur les réseaux de photo de style la, de compte féministe qui ouvre la parole des femmes mais aussi des hommes sur la sexualité, le genre…
Si à mon tout petit niveau, après m’avoir aidé moi, je pouvais aider les autres… Se serait tellement cool !
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